Source Database: 
NT2
Source Entry URL: 
Source Entry OAI-PMH Identifier: 
oai:nt2.uqam.ca:34472
Author(s) of the Source Entry: 
Galand, Sandrine
Source Entry Language(s): 
French
Description(s): 

Buenos Aires Word permet d'écrire du texte à partir de photographies prises dans l'espace public de la capitale argentine. Pour la création de l'oeuvre, l'artiste Juan Pintabona a d'abord accumulé une vaste quantité de photographies de divers graffitis, panneaux et écriteaux de la ville de Buenos Aires qu'il a classées sous différentes catégories (à manger, accès, avertissement, amour, désir d'éternité, interdiction, Argentine, etc.). Chacune des lettres des mots photographiés a été répertoriée séparément, dans leur couleur et leur calligraphie respectives, construisant une vaste base de données d'images indépendantes. Ces opérations ne sont que le prélude à l'oeuvre qui se veut une création collective prenant forme par les contributions des internautes. En entrant dans le site, ceux-ci élisent d'abord une catégorie, puis inscrivent un message de leur choix. Les lettres des mots tapés s'affichent telles qu'elles apparaissent sur les diverses inscriptions photographiées. Ainsi, le même texte inscrit sous des catégories différentes n'est jamais affiché de la même manière. Un passage du curseur de la souris sur ces lettres fait affleurer les photographies s'y rattachant, dans un défilement d'images hétéroclites, permettant une lecture bien particulière de la ville. Afin de garder l'oeuvre en mouvement, l'artiste invite les internautes à lui envoyer leurs propres photographies de Buenos Aires et à proposer de nouvelles catégories de classement. De plus, il est possible d'enregistrer les messages créés ainsi que de parcourir ceux laissés par les utilisateurs précédents. Les problématiques esthétiques de l'urbanité sont au coeur de l'oeuvre de Pintabona. Intéressé particulièrement par ce qu'il nomme «l'occupation temporaire de l'espace social de la ville» (Pintabona et Fernández, 2003), l'artiste refuse que nous levions le nez sur des phénomènes humains caractéristiques à la ville comme peuvent l'être les bidonvilles ou les graffitis. Pour lui, ces manifestations sont symptomatiques des diverses crises - culturelles, économiques, sociales - pouvant traverser une ville donnée ou, dans le cas bien particulier de Buenos Aires Word, celles touchant la capitale mouvementée de l'Argentine: Pourquoi ne pas approfondir les causes de la crise en Argentine [...] en fonction des composantes du paysage urbain qui réclament notre attention? Pourquoi s'y intéresser seulement lorsqu'ils deviennent des obstacles à la circulation des citoyens? [...] La crise serait l'expression parfaite d'une crise plus profonde, cachée dans les interstices des formes culturelles, des modes de vie, une crise des formes de production et de consommation de la ville. (Pintabona et Fernández, 2003)Pour l'artiste, il en va de notre devoir de citoyen: nous ne devons pas condamner ces composantes urbaines. Elles sont partie intime de notre quotidien. Mieux les comprendre permet de vaincre la perception que nous en avons habituellement, et alors seulement peuvent-elles devenir signifiantes et, comme pour Pintabona, matière à création.C'est l'objectif fondamental de Buenos Aires Word. En s'emparant des différents graffitis et autres panneaux publicitaires ou signalétiques, l'artiste redonne place à ces éléments du paysage visuel urbain, et ce, dans un double mouvement: la ville devient le matériau premier de l'écriture, mais c'est l'acte même d'écrire qui ouvre à une nouvelle compréhension de la ville. Participer à l'oeuvre, c'est accéder à  une dimension urbaine des mots que nous y laissons.N.B. Anciennement disponible à l'adresse suivante: http://www.buenosairesword.com.ar/