Source Database: 
NT2
Source Entry URL: 
Source Entry OAI-PMH Identifier: 
oai:nt2.uqam.ca:34508
Author(s) of the Source Entry: 
Brousseau, Simon
Description(s): 

Y0UNG-HAE CHANG HEAVY INDUSTRIES est un collectif composé de Marc Voge et de Young-hae Chang. Sur leur vitrine artistique en ligne, il est possible d’accéder à quelques dizaines de leurs oeuvres. Leur pratique, qu’ils qualifient eux-même de Web art, propose des textes animés qui défilent en suivant le rythme d'une musique jazz. Les propos tenus dans ces oeuvres sont le plus souvent d’ordre politique. Toujours avec un humour décapant, Y0UNG-HAE CHANG HEAVY INDUSTRIES dénonce avec ironie les inégalités sociales et questionne les idéologies dans lesquelles les sujets contemporains baignent. Par ailleurs, l’aspect visuel de la page d’accueil du site offre un premier aperçu révélateur du projet esthétique du collectif qui va à l’encontre de l’aspect friendly user du web 2.0. Il s’agit en fait d’une liste qui contient le titre des oeuvres, écrit avec la police Monaco et dont les hyperliens sont soulignés en bleu. Paradoxalement, c’est le caractère plutôt rétro de l’apparence du site qui lui confère aujourd’hui son originalité. Les modes passent et se succèdent à une vitesse folle sur le web.Dans une entrevue que le collectif a donné et que nous retrouvons sur le site de l’Université de Iowa, ceux-ci se prononcent quant à la nature du Web art :«We combine text with jazz to create Flash pieces. It's a simple technique that shuns interactivity, graphics, photos, illustrations, banners, colors, and all but the Monaco font, and at the same time cuts across the lines separating digital animation, motion graphics, experimental video, i-movies, and e-poetry. To us, though, it's Web art.»Si l’on suit ces propos, le Web art se caractériserait notamment par la rencontre de plusieurs médias d’expression. Il s’agit en tout cas d’une proposition intéressante qui correspond bien à ce que nous pouvons observer comme pratique artistique sur le web. Dans le cas de Y0UNG-HAE CHANG HEAVY INDUSTRIES, c’est d’abord la rencontre des rythmes du jazz et de mouvements textuels rendus possibles par l’écran d’ordinateur qui fait de ces productions du Web Art. D’un autre côté, il faut voir dans la citation ci-haut un procédé d’auto-légitimation des artistes du collectif. En effet, par son minimalisme et par son absence d’interactivité avec l’internaute, la production de Y0UNG-HAE CHANG HEAVY INDUSTRIES se démarque de l’ensemble de la production contemporaine, qui joue de ces possibilités de contacts avec le sujet qui fait l’expérience de l’oeuvre.Si le procédé est le même pour l’ensemble des oeuvres disponibles dans cette vitrine artistique, les propos, eux, sont assez diversifiés. En passant par un discours sur la sexualité, par des critiques politiques où encore un hommage bien senti à Marcel Duchamp, c’est toujours avec humour et ironie que Y0UNG-HAE CHANG HEAVY INDUSTRIES porte son regard sur le monde.La démarche du collectif s’inscrit résolument dans les sillons de certaines des figures les plus importantes de la modernité artistique. En entrevue, les artistes affirment sans détour leur admiration pour Marcel Duchamp, Roy Lichtenstein, Andy Warhol et Samuel Beckett :«Other cultural influences on our work are Marcel Duchamp, who one day decided to stop painting, saying he was tired of getting his hands dirty; Roy Lichtenstein, who found a simple artistic vocabulary, and stuck to it; and Andy Warhol, who, more than the Chinese government ever could, succeeded with his Mao portraits in putting a certain face on China.»Cette citation montre bien, d’une part, le rapport ludique qu’entretiennent les artistes avec leur production. D’autre part, c’est l’idée d’un vocabulaire artistique simple qu’il faut retenir pour comprendre ce qui fait la force et la cohérence de ce projet. En effet, le succès des oeuvres de Y0UNG-HAE CHANG HEAVY INDUSTRIES repose sur un procédé simple et efficace : du texte en mouvement qui suit le rythme d’une musique jazz, de la même manière que les oeuvres de Roy Lichtenstein gravitent, pour la plupart, autour de cette esthétique qui doit beaucoup au monde des comics américains. Pour lire une analyse particulière d’une des oeuvres de Y0UNG-HAE CHANG HEAVY INDUSTRIES, il faut consulter la fiche bonifiée qui traite de l’oeuvre Cunnilingus in North Korea.