Source Database: 
NT2
Source Entry URL: 
Source Entry OAI-PMH Identifier: 
oai:nt2.uqam.ca:34533
Author(s) of the Source Entry: 
Guilet, Anaïs
Source Entry Language(s): 
French
Description(s): 

Anacam.com est le site de l'artiste ana clara voog, tour à tour chanteuse, musicienne, performeuse, artiste visuelle, mais aussi peintre, dessinatrice, créatrice de chapeau et écrivaine. Elle est la deuxième personne au monde (après Jennifer Ringley de jennicam) à installer une webcam 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans son appartement. La démarche se veut avant tout artistique plus que voyeuriste. L'oeuvre est en ligne et active depuis 1997, ce qui en fait le site du genre avec la plus grande longévité. Le projet Anacam a été montré au musée d'art moderne de New York, au musée d'art moderne de Weisman et au Walker Art Center. L'oeuvre a aussi largement été commentée dans les médias, particulièrement par USA Today, Newsweek, The Boston Globe, The New York Post, et Playboy.Le site est composé de plusieurs sections, certaines nécessitant un abonnement pour y avoir accès. L'abonnement était de 15 dollars par mois jusqu'à juillet 2009, date à laquelle il est devenu impossible de s'abonner, le site n'accueillant plus de nouveaux membres. Le projet anacam.com est composé d'un journal intime, d'une galerie de photographies, des archives du site Web mettant en valeur les meilleurs moments capturés par la webcam, d'une sorte de magasine électronique (anagram e-zine), des compositions musicales d'ana voog (anamusiq), d'une collection d'oeuvres créées par des fans autours du projet (anapix), d'une poupée numérique téléchargeable à l'effigie de l'artiste (anadoll), des écrits divers (analects), d'une galerie d'oeuvres plastiques numériques ou non (ana art), d'une revue de presse des articles qui parlent du projet (analyse), d'une section qui recense les rêves des internautes déclanchés par Ana (anadream), d'une section vidéos (anamate), ainsi que d'un forum de discussion en ligne, sans oublier la page de live streaming avec la webcam.Il est frappant de voir à quel point elle auto-documente sa propre démarche et tâche d'anticiper les critiques de ses détracteurs. Elle présente son projet avant tout comme une oeuvre d'art et se défend de toute tendance exhibitionniste. La démarche, selon elle, est aussi centrée sur l'internaute: "what do YOU see here? what do YOU think this site is about? and what does that say about YOU? :) what does it say about your ideas, morals, ethics, boundaries, state of mind...when you feel and think about this site? that is my question to you...I am your mirror, it seems." Toutefois, l'aspect voyeuriste reste prégnant, d'autant que souvent les prestations d'ana voog prennent une tournure érotique, voire pornographique. Elle réalise ponctuellement des performances artistiques et autres mises en scène devant la webcam. La webcam ne capture donc pas seulement sa vie quotidienne, mais aussi des moments construits de toute pièce par Ana, rejoignant par là même sa revendication artistique. En s'affirmant artiste, c'est la mise en représentation performative d'elle-même qui devient la substance de l'œuvre. Nourrissant son propre culte, elle vend par ailleurs des objets faits de sa main, dont des chapeaux en crochet, comme si ces objets, sortes de reliques, devenaient importants par le fait même qu'elle les a fabriqués.Avec le projet anacam.com, l'internaute plonge dans ce que Serge Tisseron dans L’intimité surexposée appelle "l'extimité", qui ne relève pas de l'exhibitionnisme mais procède plutôt d'un désir de connaissance personnelle et du besoin du regard de l’autre comme moyen de validation de l’estime de soi.(Il est à noter que le projet a pris fin en 2012 et par conséquent, l'internaute n'a plus accès au "live stream" continu. L'oeuvre archivée est pourtant toujours disponible; l'image de la webcam est rafraîchie (ou non) aux 30 secondes. L'artiste précise d'ailleurs sous l"image: "sometimes streaming".)