Source Database: 
NT2
Source Entry URL: 
Source Entry OAI-PMH Identifier: 
oai:nt2.uqam.ca:31217
Author(s) of the Source Entry: 
Bordeleau, Benoit
Cortopassi, Gina
Source Entry Language(s): 
French
Description(s): 

Œuvre mise sur pied par Max et Julian Stein, Carte sonographique de Montréal a pour objectif de «concrétiser une collection des sons enregistrés à la grandeur de l’île.» Pour ce faire, les artistes convient les internautes munis d'une enregistreuse à mettre leur ouïe à profit et à téléverser leur captation sonore dans l’œuvre. Ce projet évolutif, réalisé en 2008, est une initiative en externalisation ouverte (crowdsourcing), c’est-à-dire qu’elle permet aux internautes de contribuer et de collaborer à son déploiement. Le savoir-faire ainsi que la créativité des usagers diversifient les types et les sources des fragments audio tout en participant à l’épanouissement du projet qui vise à archiver le plus grand nombre d’environnements sonores montréalais.Concrètement, l’œuvre nous accueille avec une image satellite générée par Google Earth de l’île de Montréal et des environs avec des pastilles vertes cliquables représentant les extraits sonores. On dénombre 340 extraits en juin 2015. Il est possible de changer l’interface satellite à une carte de données cartographiques propre à Google Maps ou à une perspective hybride, ralliant la vision photographique du satellite aux informations numériques des lieux, des lacs, des grands centres commerciaux ou des stations de métro. L’internaute peut se diriger intuitivement dans l’œuvre en parcourant manuellement l’interface ou en effectuant une recherche par types de contenus. Une option shuffle et autoplay renvoie l’internaute à différents enregistrements dans la carte de manière aléatoire.À l’écoute d’un enregistrement, et selon les informations fournies par les différents participants, l’internaute est notifié du nom du contributeur, de la date, de l’heure et du lieu d’enregistrement, ainsi que d’une description détaillée, d’une photographie de l’environnement sonore, du type d’équipement utilisé et d’un hyperlien pour conserver la captation sous forme de fichier wav, aiff ou mp3.Carte sonographique de Montréal se pose au croisement de l’exploration poétique des espaces urbains et de l’opération scientifique, exprimée par le désir même de cartographier ou de baliser les lieux. La carte augmentée des Stein propose de redécouvrir le paysage montréalais dont la représentation est trop souvent dictée par le visuel. Elle ajoute une profondeur à la simple image satellite par le biais de fragments de réel et d’expériences véhiculés par le son. Les contributeurs et les contributrices – figures de flâneurs – laissent sur la carte une trace de leur passage et une empreinte d’un évènement éphémère qui sont l’expression de subjectivités propres et singulières.Les citoyens et les citoyennes sont donc à même de s’approprier la représentation de leur ville. Selon Véronique Leblanc, «[L]’appropriation suppose la réévaluation et l’adaptation de l’espace, mais également son détournement: détournement de sa fonction, de son usage, et du regard que l’on y porte» (Leblanc, 2009: 49). L’œuvre est en ce sens une adaptation de l’espace cartographique qui identifie traditionnellement les lieux collectifs (et consensuels) de la vie culturelle et ces grands centres. Carte sonographique de Montréal détourne l’usage proprement fonctionnel (et mercantile) des cartes virtuelles et des données de géolocalisation en fournissant des informations additionnelles, périphériques, qui n’ont aucune utilité en soi. Un «surplus» symbolique d’information qui marque les lieux d’une mémoire, d’un récit et d’une voix.Il y a également un renversement intéressant quant à l’expression de carte «augmentée» qui semble, de prime abord, décrire la carte des Stein. Il y a ici augmentation du virtuel par l’entremise de parcelles sonores du réel au lieu d’une augmentation du réel par l’apposition de données virtuelles sur l’environnement physique. L’œuvre permet en fait de transporter l’internaute sur les lieux des enregistrements. Est-ce qu’une expérience de l’œuvre sur le terrain – au moyen d’une tablette par exemple – s’impose comme la mise en acte de Carte sonographique de Montréal au sens d’une réalité augmentée telle que théorisée par Lev Manovich?