Source Database: 
NT2
Source Entry URL: 
Source Entry OAI-PMH Identifier: 
oai:nt2.uqam.ca:34500
Author(s) of the Source Entry: 
Bordeleau, Benoit
Source Entry Language(s): 
French
Description(s): 

Civilités/Civilities plonge l’internaute dans le monde difficile de l’urbanité, à comprendre non seulement comme la vie en ville, mais aussi comme mode de relation aux autres[fn]Vous êtes invités à lire l’excellent article récapitulatif de Cécile Petit, que l’on retrouve sur le site du Magazine électronique du CIAC, à cette adresse: http://www.ciac.ca/magazine/archives/no_22/site.htm.[/fn]. Un collectif d’une dizaine d’artistes, regroupés sous l’initiative d’Eva Quintas, a travaillé autour de la question du vivre ensemble. Si les œuvres ont été produites individuellement, il en résulte toutefois une mosaïque qui plonge tout aussi bien dans les violences de la vie ordinaire que dans le vivre ensemble (ou plutôt, dans le sur-vivre ensemble) des pays éprouvés par la guerre. Ainsi sont mises en commun les réflexions de Mathieu Beauséjour, Pascal Contamine, Linda Hammond, Isabelle Hayeur, Norman Nawrocki, Lisa Ndejuru, Eva Quintas, Cesar Saëz et Zazalie Z.Si la ville, considérée ici en tant que concept et non comme ville nommée, a servi de principe rassembleur pour les œuvres de Civilités, c’est bien car la ville permet la rencontre. Lorsque l’internaute accède à la page d’accueil de l’œuvre, il est en mesure de consulter des informations générales sur les auteurs ayant participé à Civilités ainsi que de brèves explications sur leur démarche dans le cadre du projet. Sinon, en cliquant sur le point rouge se trouvant sous le titre, l’internaute accède au premier nœud de l’œuvre. Il s’agit en fait d’une bande que l’internaute peut faire dérouler de gauche à droite afin d’accéder à divers liens. En arrière-plan se trouve une ville vue à vol d’oiseau ainsi qu’un schéma de Civilités (redoublé au bas de l’écran et accessible à tout moment). Cette ligne, parsemée de points, pourrait très bien être le plan d’une ligne de métro. Nous ferons référence à ces divers «carrefours» en tant que «feux» dans les prochains paragraphes[fn]Nous utilisons le terme employé dans l’adresse URL des pages, cf. feux1.html, feux2.html, etc. On en dénombre 8 en tout (en excluant la page civil.html).[/fn]. Au premier plan se trouvent des personnages vêtus de rouge; cette couleur assure le lien visuel entre les différentes sections Civilités, mais rappelle aussi la violence (évidente ou insidieuse) partout présente.The Anarchist & the Devil do CabaretNous procéderons d’abord avec la description du récit The Anarchist & the Devil do Cabaret[fn]«The Anarchist & the Devil do Cabaret», tel que connu dans Civilités, est une adaptation du récit éponyme publié par Nawrocki chez Black Rose, en 2003.[/fn], divisé en trois parties. On nous y présente l’histoire de Harry Malewzcek, un itinérant qui reçoit un coup de sabot au visage alors qu'il ramasse un mégot de cigarette, coup qui lui fait perdre ses dents. Ridiculisé par le cocher, par les policiers présents lors de l'incident, puis par le dentiste qu'il visite, Harry va planter ses dents dans un pot à fleurs et les appellera ses «devil's roots». Il promet de se venger en affirmant que ses dents pousseront et deviendront quelque chose de terrible. Le personnage, que les passants prennent pour un gitan ou un évadé d'institution psychiatrique, ne pourra entrer en contact avec personne sauf avec les enfants romanichels qui revendent des boîtes de carton. Un bon matin, Harry se découvre un ami en une marionnette représentant le diable. Les passants qui jusqu'alors l'ignoraient commencent à craindre Harry qui discute avec sa marionnette en compagnie d'une bouteille de vodka. Le mode de navigation dans l'oeuvre est très simple et se fait de façon linéaire. Un texte blanc apparaît sur fond rouge lorsque le curseur de la souris est placé sur des pastilles (qui comptent chacune pour un nouveau fragment de texte). La dernière pastille de la série mène vers un nouveau tableau de l'histoire d’Harry et du diable sur une trame sonore (violon) répétitive. À chaque tableau, un clique sur le diable ramène vers l’un des neufs carrefours redirigeant l’internaute vers une autre œuvre de Civilités.«Letter from Poland» (qui est aussi l’un des titres de la discographie de l’auteur) est le deuxième volet du récit de Nawrocki. Les trois premiers tableaux de cette oeuvre présentent une lettre en provenance de Pologne envoyée par Harry à son frère Franek - on suppose qu'il s'agit de l'itinérant de «Devil's Story». Harry rend compte de la résistance polonaise de 1940 alors que la ville de Poznan est dévastée par l'armée allemande. Des partisans juifs de la ville de Leznos donnent à Harry une copie de Dieu et l'État de Mikhaïl Bakounine. Sa curiosité est piquée par ces anarchistes. Au-dessus des textes présentés, des images de révolutionnaires apparaissent. En survolant l'image du premier tableau avec le curseur de la souris, les habits de l'homme retenu par une fillette passent de l'uniforme du pompier à celui du militaire et du civil. Lorsque l'internaute clique sur le dernier bout de la lettre, signée Harry (en rouge), l'internaute est mené vers une autre page où une robe rouge se meut sur fond rouge.«On this Corner» (Nawrocki/Hammond) nous transporte sur la rue St-Laurent de Montréal, avec tout ce qu'elle comporte d'exotique et de familier. Tout au long de l'oeuvre, l'internaute est invité à lire divers récits mettant en scène des itinérants, un couple en crise, un jeune néo-Nazi. Si les textes sont plutôt pessimistes, les images affichées en arrière-plan laissent quant à elles supposer un bonheur possible. Les derniers mots affichés se lisent comme suit: «It's a quiet Monday night in Tabor», découvrant l'une des stratégies de l'auteur, soit celle d'inclure des personnages d'une ville de la Bohême du Sud dans le décor montréalais. L’internaute a ici affaire à un questionnement sur la place des immigrants dans leur terre d’accueil.TirerL'oeuvre se présente en quatre tableaux où, chaque fois, deux personnages (une mère et son enfant ou bien un homme et une femme) sont en opposition. «Tirer» s'intéresse moins à la domination et la contrainte qui se retrouvent dans les médias qu'à l'autorité parentale, se présentant parfois comme une petite violence. Pour chaque tableau est lu un extrait de texte, entre autres un extrait de «Comment vivre ensemble», de Roland Barthes, qui met de l'avant le principe d'idiorythmie, sur lequel l'oeuvre est basée. Des textes d'André Gaillard et d'Henri Miller sont aussi utilisés.SimultanéitéCette oeuvre de Lisa Ndejuru mise principalement sur la dichotomie entre les États-Unis et la situation actuelle en Irak. Sur la première page de l'oeuvre, une table, sur laquelle se trouvent divers objets, est présentée. On y voit un ordinateur portable, une cassette VHS, un pot de Tylenol, un appareil-photo jetable, une corde à danser, des livres sur le yoga et sur l'Irak, une barre de chocolat Toblerone, un lecteur cassette, un téléphone, une théière, un cendrier, un pot de beurre d'arachides... En cliquant sur l'ordinateur, l'internaute pourra lire et écouter les histoires banales et les réflexions d'une étudiante sur la situation mondiale actuelle, plus particulièrement sur la guerre et les effets de sa médiatisation. En choisissant la cassette VHS, huit courtes vidéos peuvent être consultées, celles-ci présentant des témoignages d'Irakiens par rapport à l'occupation de leur pays par l'armée américaine. Le téléphone mène quant à lui au monologue d'une femme seule désirant être aimée. Sur cette page on voit une femme tourner, dehors, dans un cadre pour photo. Si l'internaute clique sur la barre de chocolat ou encore le pot de beurre d'arachides, il est mené vers une page comportant un arrière-plan rouge sur lequel se tient un réfrigérateur. En cliquant sur ce dernier, l'internaute pourra écouter les phrases qui se trouvent sur des aimants à frigo. Sur le dessus du réfrigérateur se trouve la barre de chocolat. Lorsqu'on clique dessus, elle mène vers une autre page, mettant en parallèle le discours médiatique sur la guerre en Irak et des publicités pour des régimes. Le cendrier et la théière mènent vers la même section de l'oeuvre, où une boîte à photos est mise en vedette. L'internaute pourra déplacer les différentes photos afin de mieux les voir en cliquant et tirant.SeñalandoVoulant exprimer le fait qu'il n'y a pas de liberté infinie, César Saez met en scène des personnages se promenant avec des ballons en forme de flèche au-dessus de leur tête, une foule surveillée par un oeil géant et pointée par une multitude de flèches roses. L'un des tableaux propose aussi, de part et d'autre d'une grande flèche, un cowboy tirant sur un Indien. Un schéma rudimentaire des galaxies les plus proches de la Terre est aussi présenté, citation du dictionnaire Larousse 1937 à l'appui.AgoraÀ l'ère du Web 2.0, où le citoyen peut avoir sa propre tribune grâce au Web sans passer dans l'engrenage des médias de masse traditionnels, l'utilisateur d'Internet a le devoir de faire entendre sa voix pour faire bouger les choses. Ce propos est illustré de façon simple et efficace: le curseur de la souris doit être déplacé afin de voir bouger les silhouettes de passants sur un pavé et activer la «rumeur» générée par le constant échange d'informations. L’espace public n’existe que par l’action de l’individu.Ze Bouddha’s ShowL'internaute assiste à la mort d'Ephrème Damarique (dont seul le prénom est révélé dans l'oeuvre). Dans un premier tableau, on voit le personnage à la gauche de bouts de textes qui défilent rapidement et qui parlent de l'automobile comme symbole de virilité. Au tableau suivant, Ephrème est bombardé de pourcentages (chiffres sur lesquels l'internaute peut glisser le curseur de sa souris pour les faire disparaître) et de questions de deux hommes à lunettes qui semblent avoir pour fonction de le juger. Tout le discours d'Ephrème est contaminé par le langage de l'économie, du rendement. De retour à la maison, le personnage discute avec sa télévision qui lui suggère de prendre un antidépresseur. Lorsqu'il refuse, cette dernière lui dit que c'est l'heure de la télévision. Pour poursuivre sa navigation, l'internaute doit cliquer sur les boutons de la télévision. Il peut y consulter trois chaînes: l'une propose un discours réducteur sur la femme, comparée à une marchandise; la deuxième, où Paul Martin, Tony Blair et Georges W. Bush (entre autres) sont déguisés en cowboy, propose un discours sur l'économie mondiale menée par les puissants; la troisième met en scène un sorcier parlant de la misère. Une fois la télévision fermée, l'internaute est mené au tableau final où des considérations générales sur l'engagement et la responsabilité de chacun face à la misère sont affichées au bas de l'écran.Marchez noir/DérivezSur la page d'accueil, l'internaute doit choisir entre les deux parties de l'oeuvre, soit «Marchez Noir» ou «Dérivez». En sélectionnant la première, il est dirigé vers diverses images des marches populaires françaises du 19e siècle. On peut entendre l'Internationale comme trame sonore. Toutefois, l'internaute entendra une version «apocalyptique» de cette dernière lorsque les photos de la manifestation du Sommet des Amériques de 2001 apparaissent. Dans cette section, l'internaute pourra progresser en cliquant sur le personnage muni d'une planche à roulettes. Pour accéder à tous les éléments des tableaux, l'internaute est invité à cliquer sur les flèches qui parsèment les éléments photographiques. Lorsque tous les tableaux sont traversés, l'internaute doit cliquer sur l'un des choix suivants: «Nothing is over» ou «Vivre pour conspirer». Le premier choix mène vers la partie intitulée «Dérivez» de l'oeuvre de Mathieu Beauséjour alors que le second redirige vers le début de la partie «Marchez Noir». «Dérivez» est constitué de diverses photographies et vidéos captés à Montréal, Paris et Londres.Vous êtes ici sur ma galerieCette section montre une galerie montréalaise devant laquelle cinq débarbouillettes sont suspendues à une corde à linge. Chacune d'elle est distincte: la première est blanche, alors que les quatre autres sont respectivement marquées (en rouge) d'un cercle avec en son centre une croix, d'une croix, d'un cercle et d'un «x». En cliquant sur le premier drapeau de fortune, l'internaute tombe sur une page mettant en valeur le discours philosophique en général et le zen en particulier (avec des citations de Lao-Tseu, Ozaki Hôsai, Rainer Maria Rilke, Voltaire et René Char). Les autres bouts de tissu mènent quant à eux à des discours dénonciateurs des abus survenus lors de la Deuxième Guerre mondiale, s'attardant plus spécifiquement sur la question des «femmes de réconfort» qui ont dû satisfaire sexuellement plus de sept millions de soldats japonais.