Source Database: 
NT2
Source Entry URL: 
Source Entry OAI-PMH Identifier: 
oai:nt2.uqam.ca:34564
Author(s) of the Source Entry: 
Dubé, Sandra
Source Entry Language(s): 
French
Description(s): 

Principes de gravité est un recueil de pensées numérique qui se présente à l'internaute sous la forme d'un livre. Divisée en six chapitres, l’œuvre hypermédia s’explore aléatoirement. Un avant-propos explique le concept du registre virtuel, qui suggère d'expérimenter la perte imposée par l'acte de lecture devant l'obligation au choix. Pour chaque fragment, il faut choisir entre deux avenues, afin de parcourir le recueil. Chaque page de ce livre propose des aphorismes pessimistes, ironiques et défaitistes, qui sont juxtaposés à une imagerie sombre et glauque de ruine, de débris et de désolation. L'impression de naviguer dans un univers de perte et d'anxiété est omniprésente tout au long du parcours de lecture.Une main virtuelle apparaît au premier mouvement de la souris et incite l’internaute à ouvrir la page du codex, comme pour suggérer la réalité d’une lecture conventionnelle. Ainsi guidé, l'internaute trouvera sous la couverture du livre une table des matières en apparence conventionnelle. Cependant, une note explicative qui tient lieu d'avertissement se trouve en avant-propos : «Les choix proposés pour progresser à l’intérieur du chapitre se font aux dépens de la chronologie habituelle. (…) Cette démarche vise à confronter le lecteur au principe fondateur de ce livre : choisir c’est perdre quelque chose». Cliche demande donc d’accepter d’emblée cette fatalité et de se conformer aux impératifs d’une lecture au parcours non chronologique, c'est-à-dire non linéaire et aléatoire. La forme, qui nous oblige à choisir entre plusieurs chemins possibles aux dépens de la chronologie «habituelle» de lecture, mais aussi la somme de l'oeuvre, imposent une certaine incomplétude. L’œuvre ne se dévoile jamais tout entière et, en ce sens, «quelque chose» manquera toujours à la lecture. S’ensuit un certain inconfort, une angoisse de la perte jouant sur le thème de la fatalité jusque dans la forme contingente imposée à la lecture. La perte n’est pas accessoire dans l’œuvre, elle en est une conséquence essentielle. Parcourir un chemin, et un seul, parmi la somme des voyages hypertextuels possibles, dérangera l’internaute et l’amènera à vouloir éviter la perte encourue. Or, un tel évitement est logiquement impossible.Principes de gravité est un livre virtuel de cinquante-cinq pages comprenant un avant-propos, une table des matières et un index. Chaque chapitre de l’œuvre porte sur une thématique proposant d’apprendre à éviter les pièges de la réussite, afin de favoriser l’acceptation de l’échec. À la différence d’un codex traditionnel, le texte s’inscrit au milieu d’images, de vidéos et d’animations graphiques, et est accompagné de musique ainsi que d’effets sonores. L’ordre d’apparition des portions de texte modifie également la chronologie de lecture, imposant parfois une relecture, parfois des réflexions croisées ou des associations fortuites entre un mot et une image, relations créatrices de sens.Le livre en pixel apparaît, de prime abord et dans toute son ambiguïté, comme le signe de l’expérience de la perte. Lire à l’écran implique un choix de lecture en lui-même : si ce n’est l’abandon de la lecture traditionnelle, il consiste à tout le moins à un remplacement. Le codex lui-même n’est que l’image d’un livre en quelque sorte «perdu». En remédiatisant le livre à l’écran, c'est-à-dire en reproduisant virtuellement l’objet, l’acte de lecture se métamorphose. En effet, on ne lit plus si simplement des propositions matériellement imprimées, mais on visionne, on écoute et on interagit avec un texte multimédia mouvant. Les pages ne sont plus disposées de la même manière. L’accès lui-même au livre s’est entièrement transformé. En somme, en optant pour cette méthode de lecture hypermédia, le lecteur délaisse une tradition de lecture et doit s’en créer une nouvelle.En tant qu’œuvre, Principes de gravité s’inspire des schèmes de pensées «traditionnels». Chacune des pages en pixel décline la figures de la perte. On lira par exemple «Il ne faut pas s’imaginer que l’on peut faire une différence», comme une version pessimiste du destin. À force de progresser ainsi dans un labyrinthe de choix, la navigation devient incertaine, hasardeuse à l’excès. On ne sait plus quel choix faire, quelle route prendre, et malgré que tous ces choix puissent ne mener à rien, on est contraint à choisir. On peut craindre de s’aventurer plus loin. Cependant la perspective de l’issue, et peut-être nos habitudes de lecture, nous incitent à poursuivre l’exploration de l’hypertexte.  Consultez l'article de Sandra Dubé et celui de Gabriel Beauséjour à propos de cette oeuvre