The Breathing Wall est une animation vidéo interactive relatant l'histoire du meurtre mystérieux de Lana à travers les rêves de Michael, son ex-copain de vingt et un an. L'histoire se révèle à l'internaute au fil des rêveries diurnes (day-dream) et nocturnes (night-dream) du protagoniste. On y apprend que Michael a été injustement accusé du meurtre de Lana, tuée le lendemain de leur rupture. Tous le croient coupable puisqu'une note[fn]«I don't know what I'm going to do without you. Whatever happens - its your fault. It's your responsibility. You shouldn't have broken up with me»[/fn] l'incriminant a été retrouvée dans les poches de Lana.Les séquences diurnes de l'oeuvre (au nombre de 5) ne sont pas interactives. La voix de Michael narre les événements de son quotidien en prison (la visite de ses parents, de sa soeur Florence, etc.) tout en se remémorant les drames passés, tentant de comprendre le moment où il a perdu contrôle de son existence. Lorsque sa voix ne mène pas le rêve, sa narration se poursuit à l'écrit, via des textes courts superposés à l'image. Malgré leur caractère davantage contemplatif, ces séquences demeurent primordiales à la compréhension de l'oeuvre puisque la majorité des moments clés du récit nous y sont dévoilés.Intercalés dans ces divagations diurnes se trouvent les rêves mouvementés que fait Michael la nuit, dans sa cellule. Le déroulement de ces quatre night-dreams dépend de la respiration de l'internaute: celle-ci, captée par micro, est ce qui déclenche la narration du captif, le mouvement des images, l'enchaînement des scènes, le défilement du texte. En effet, les créateurs désiraient que l'oeuvre rende directement compte de l'expérience qu'en ferait l'internaute. Dès lors, le déroulement narratif de l'oeuvre et les émotions qu'elle fait naître, ici traduites par la respiration, se révèlent intrinsèquement liés. D'ailleurs, les créateurs conseillent d'écouter les night-dreams bien calé dans un lit, l'ordinateur portable sur les genoux, dans la pénombre: «Try to sit in a relaxed position, or even better try the night-dream on a laptop computer in bed at night.» Plus l'internaute est relaxé, plus il entre profondément en l'oeuvre, plus il entre dans le rêve.Formellement, The Breathing Wall n'est peut-être pas aussi homogène que ses créateurs l'auraient souhaité. D'un côté, les day-dreams forment un récit linéaire, appuyé par des images immobiles, du texte et certaines phrases narrées; alors que de l'autre, les night-dreams - déjà plus marquants par leur interactivité - remplacent les images fixes par un montage d'extraits vidéos et sont exempts de texte. La tentation est forte de ne parcourir l'oeuvre que partiellement, passant par-dessus les sections nocturnes, plus demandantes et hermétiques. Cette tension a été ressentie également au moment de la conception de l'oeuvre. Kate Pullinger note, dans son journal en ligne:The three-way collaboration has been odd; really, it's been more like two-way collaborations, with Stefan and I working on the HTF dreams, and Chris and I working on the hypertext. (The Breathing Wall: an online journal).Néanmoins, l'oeuvre contourne ce problème formel grâce au contenu: des éléments nécessaires au déroulement de l'énigme policière - qui a tué Lana? - sont parsemés ça et là, tant dans les night-dreams que dans les day-dreams.Finalement, même si le récit principal de The Breathing Wall s'inscrit sous un registre d'enquête policière, l'esthétique générale de l'oeuvre la place davantage sous une bannière fantastique propre aux récits de fantômes. Les figures humaines sont complètement élidées de l'oeuvre et les corps sont morcelés (une main, un dos, etc); les images sont floues, parfois très pixelisées; et l'ambiance sonore, faite d'échos et de bruits confus, se veut mystérieuse, onirique. C'est également durant la nuit que l'esprit de Lana revient visiter Michael, communiquant avec lui «through the wall». Grâce cette présence spectrale, Michael parvient à faire la paix avec l'échec de sa relation, il reprend contact avec sa soeur qui le croyait coupable et réussit à se faire justice, sortant enfin de prison.Notons que parcourir l'oeuvre dans sa totalité prend environ deux heures et demie. Elle ne fonctionne toutefois que sur PC. L'histoire et les textes sont de Kate Pullinger, les effets durant les night-dreams sont de Stefan Schemat et ceux des day-dreams sont de babel.